Sur l’Actu 4

« Île était une fois… », un film de Nicolas Vrignaud

Chaque fois que je reviens vers toi, mon corps redevient sable et mon esprit redevient embrun. Le son enivrant des vagues se mêle au goût salé de mes cheveux qui volent au vent. Puis je redescends sur terre. Je sais qu’une fois passé à la caisse, je devrais confronter la folie du monde à mes souvenirs et à mes utopies.

Esprit de l’océan, es-tu encore là?

Propos du réalisateur

L’arrivée au péage du pont de l’île de Ré réveille toujours en moi un sentiment étrange, entre excitation et mélancolie. En 1988, quand l’île fut officiellement reliée au continent, j’avais dix ans. C’était ce temps où, un peu partout, les villes côtières devenaient balnéaires et le littoral devenait parc d’attraction. L’île de Ré n’a pas dérogé à la règle. Sous prétexte d’améliorer ses conditions d’accès face à une pression touristique grandissante, le pont devint un outil idéal pour faire exploser massivement le flux touristique et l’économie qui va avec. Et tandis que l’île perdait son insularité, je perdais une part de mon identité.

Année après année, je n’ai pu que constater la métamorphose. Je l’ai vue offerte en pâture par des vendeurs de rêve. J’ai vu des hordes grouillantes coloniser ses derniers espaces vierges. J’ai vu des machines vomir l’asphalte et la société du loisir imposer ses règles mercantiles et sa vision du monde. J’ai vu les paysages se transformer en un décor pour âmes en peine de divertissement. A grand coup de communication, ma petite contrée sauvage fut muselée, domestiquée, asservie même, jusqu’à n’être plus qu’un prospectus errant, livré à son propre sort sur sur une voie publique devenue privée. Contre quelques deniers, quiconque pourrait désormais profiter des attributs de cette campagne soumise, idéale pour «  passer des vacances uniques dans un cadre préservé  ».

Aujourd’hui, les proxénètes du tourisme rôdent encore, toujours prêts à vendre au plus offrant les charmes de la belle. Mais l’industrie touristique ne parle pas d’océan. Elle parle d’activités à pratiquer, de logements à louer, de restaurants à aller, de monuments à visiter, de plages ensoleillées à bronzer. Elle ne parle pas d’océan. Pourtant, tandis que l’on bétonne nos vies, c’est d’abord lui que je vois quand je rentre là-bas. Lui qui définit les contours et l’intégrité territoriale de l’île. Lui qui, tapi derrière nos digues de béton armé, reste simplement là. Grondant, puissant, insoumis.

Ce film, c’est l’histoire d’un petit bout de terre qui m’a vu grandir et qui m’a permis de rencontrer l’océan. C’est l’histoire d’un territoire vivant, partagé entre la nature de l’homme et sa propre naturalité.

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Mai 2014 • Durée : 10 min • Lieu : île de Ré (Charente-Maritime)

Réalisation : Nicolas Vrignaud • Image & Son : David Sorin & Nicolas Vrignaud •  Montage & Étalonnage : Martin Hardouin-Duparc • Mixage : Benoît Perraud • Conformation : Nicolas Vrignaud

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L’Actu 4, ça discute !

Réunion du comité éditorial avec le réalisateur de l’actu 4, Nicolas Vrignaud.

Le comité éditoriale accompagne l’écriture, la réalisation, le montage et la diffusion de chacune des  Actualités cinématographiques. Sur les photos il s’agit du jour ou Nicolas montrait ses rushes pour la première fois.

Le tournage de « Île était une fois… »

Avant première de l’Actu 4.

L’équipe des Actualités Cinématographiques à été très bien reçu par Philippe Chagneau et le personnel du cinéma Eldorado le vendredi 13 mai à St. Pierre d’Oléron.

Le réalisateur de l’actu 4, Nicolas Vrignaud, accompagné de Zoé Liénard en représentation du comité éditoriale des Actus, a présenté son film et expliqué sa démarche avec passion devant un public intéressant et intéressé.

Et en deuxième partie de programme Nicolas à choisi de nous monter «  Le territoire des autres  » un film de 1970 qui a révolutionné le documentaire animalier.

Catégories : ACTU04, Numéro 4, Sur les films

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